Le Pop Art… Cela vous évoque sûrement des couleurs vives et pétillantes, la légèreté des années ‘60, les femmes tout droit sorties de bandes dessinées, les boîtes de soupes reproduites à l’infini, ou bien encore la Marilyn vue par Warhol… mais vous êtes-vous réellement penchés sur ce mouvement artistique? Nous l’avons fait pour vous! Vous trouverez ici les réponses à vos questions.

LA JOCONDE AUX CLÉS

par Salomé & Lena 30 Janvier 2015, 10:00

La Joconde aux clés est une huile sur toile de Fernand Léger appartenant au mouvement surréaliste datant de 1930. Malgré le fait qu'elle soit apparu avant la date officielle du mouvement Pop Art (1950), nous pouvons dire qu'elle appartient également au Pop Art car elle regroupe les caractéristiques de ce mouvement : des éléments de la vie quotidenne, de la consommation et de l'art... penchons-nous sur le sujet.

Le but de la présence des éléments...

Ici, nous remarquons que les objets du quotidien sont mis en avant. En effet nous pouvons voir le trousseau de clés au premier plan, qui prend une place très importante sur la toile, de par sa taille mais aussi sa place sur le tableau : il est au centre de l'oeuvre.

Cela montre que l'artiste a voulu mettre cet élément en avant, en effet les caractéristiques dites « Pop Art » se définissent par un goût prononcé pour la culture populaire. Ce goût est aussi revendiqué par la boîte de sardine, très peu coûteuse et facilement conservable, elle représente bien la société de consommation qui se développait alors.

Bien évidemment, nous ne pouvons regarder cette oeuvre sans ignorer La Joconde (réalisée entre 1503 et 1506 par Leonard De Vinci) qui y est représentée. En effet nous pouvons nous demander « Pourquoi Fernand Léger a-t-il inséré cette Joconde à son ouvrage ? »...

Finalement l'idée nous vient comme une évidence : cette Joconde de couleur verte est un élément qui vise à se revendiquer en tant qu'artiste à part entière sans pour autant respecter les règles académiques.

On sort alors l'oeuvre de Léonard De Vinci de son contexte d'origine : Léger modifie la couleur de son oeuvre lui apportant cette couleur verte et une touche grossière, ce qui boulverse les caractéristiques de l'oeuvre de l'origine.

Chaque élément porte ici une charge symbolique très marquée :

-La clé donne le pouvoir, elle peut être interprétée comme la clé du Paradis...

Cette clé ouvre la voie d'un parcours initiatique.

-La Joconde est l'oeuvre la plus connue au monde : tant de recherches ont été déployées pour dévoiler les secrets de la Mona Lisa de De Vinci... elle est aux yeux de tous un trésor universel.

Cette Joconde est une, en outre, référence à la Renaissance. Malgré sa place majestueuse dans le milieu de l'art, elle se retrouve popularisée. En effet, elle est banalisée sur de nombreux objets publicitaires par exemple.

J'avais fait sur une toile un trousseau de clés. ...Il me fallait quelque chose d'absolument contraire aux clés...qu'est-ce que je vois dans une vitrine? Une carte postale de la Joconde! J'ai compris tout de suite: c'est elle qui me fallait, qu'est-ce qui aurait pu contraster plus avec les clés? Comme ça j'ai mis sur ma toile la Joconde. Après j'ai ajouté aussi une boîte de sardines. Cela fait un contraste aigu, c'est un tableau que je garde, je ne le vends pas.

Fernand Léger

Ces éléments de la vie quotidienne associés à cette joconde font de cette œuvre : une rencontre insolite. Fernand léger pause alors cette question énigmatique : « Qu'est-ce qui est de l'art et qu'est-ce qui n'en est pas ? »

Analyse de l'oeuvre...

Ici, Fernand Léger donne un rôle à chaque élément : les clés au premier plan relèguent la Joconde au second. Les autres éléments de l'oeuvre : « les lignes tracées à la règle au au compas, le ruban curviligne, la boîte de sardine, les surfaces nettes et les flous picturaux amplifient les contrastes et vident La Joconde de son contenu. Tous ces éléments et leurs places dans le tableau anéantissent la grandeur majestueuse de cette Joconde monochromatique.

La Joconde aux clés est une œuvre novatrice, nous pouvons voir que Léger a travaillé sur une abolition des perspectives. En effet les éléments sont posés sur la toile sans soucis de perspectives. De plus ,semblable au style de Cézanne, nous remarquons que les points de vue sont fragmentés, la vue d'ensemble est inexistante. Les éléments sont reproduits en fonction de l'angle de vue à un certain moment, vu depuis un certain point par rapport à l'objet. Léger combine alors plusieurs angles de vue dans un seul et même tableau. Ceci est remarquable notamment au niveau des clés : ce trousseau est un fantasme total, chaque clé a son angle de vue.

Au niveau des couleurs de l'oeuvre nous remarquons tout d'abord les couleurs primaires : le bleu, le rouge et le jaune ; cette forte utilisation de ces 3 couleurs primaires revendique une simplicité du message qui entre dans la problématique Pop Art. Le vert de la Joconde (couleur complémentaire du rouge), attire l'oeil, elle se démarque des autres éléments du tableau. Le fond terne contrastant avec ces couleurs créé comme une explosion au milieu de la toile, ce qui est renforcée par l'impression de mouvement au niveau des clés.

Tous ces éléments confrontés les uns aux autres créent une certaine unité dans l'oeuvre, malgré cet assemblage inattendu.

Conclusion...

La Joconde aux clés de 1930 ne s'inscrit pas dans le mouvement du Pop Art, en raison de sa date de parution ; pourtant elle répond aux critères du mouvement artistique. Elle réunit toutes les idées du Pop Art, malgré son apparition avant l'heure, et elle est comme une prémonition : elle annonce définitivement l'arrivée du mouvement qui révolutionnera l'art.